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Swift 2017/10/02 09:45:00 Pensées

Quand jétais petit, jai régulièrement fait ce même cauchemar. Je courais, jessayais déviter quelque chose, mais je ne faisais quallez de moins en moins vite. La lenteur me prenait, et javais limpression que tout ce que je voyais au loin, tous les moyens de fuite étaient inaccessibles. Peut-être était-ce pour cela que je naimais pas trop courir, peut-être était-ce juste de la paresse.

Cependant, la vitesse gardait quelque chose dattirant, malgré les faibles capacités de mes jambes. Être rapide, ce nétait pas simplement être dans une grosse voiture et jouer de laccélérateur, non. Ce nétait non plus un intérêt pour les sportifs, qui à travers entraînements intensifs et produits chimiques avaient fait de leur vitesse leur métier. Cétait rendre accessible ce qui était trop loin. Cétait également la souplesse et la fluidité. Ce nétait pas temps la vitesse dune fusée Ariane que ces mouvements souples et rapides qui en devenaient presque invisibles. Était-ce une attirance personnelle, où faisait-ce partie de ces nombreux fantasmes de lenfance ?

Quand on est enfant, on court tout le temps. Il faut dire quon aime pas trop attendre. Courir, être rapide, cest aussi le moyen de baisser la terrible, la funeste attente. On traîne des pieds pour éviter ce quon ne veut pas, mais on court vers ce que lon veut. Même si ce nétait pas trop ce que je préférais, il marrivait de courir dans tous les sens quand jattendais quelque chose. On nous dit dattendre cinq minutes cest-à-dire une éternité. Mais nous, ce quon veut, cest la suite. Mais ce nétait pas que de limpatience. Cétait aussi des sensations.

Dans la voiture, jaimais par-dessus tout ouvrir la vitre. Je sentais le vent sengouffrer, ébouriffer mes cheveux. Dun seul coup, je nétais plus dans un véhicule incroyablement plus rapide que ma marche a pied, mais je faisais moi-même partie de cette sensation. Je regardais dehors, sur le côté de la route. Jimaginais quelquun avançait sur ces obstacles, ce jeu classique de lenfance. Chaque élément du décor faisait alors partie de cette chorégraphie fantasmée, de ce ballet de mouvements imaginaires dun personnage inexistant à travers des obstacles physiques. Un saut pour éviter un rocher, un tournoiement habile pour passer à travers une branche. Des flexions successives autour des poteaux qui défilaient à toute vitesse. À travers, ce jeu classique de lenfance, cétait ce même attrait des mouvements rapides et souples, de la vitesse qui jouait.

Et le mieux, cétait davoir son propre véhicule. Sallonger sur une chaise de bureau que dis-je, dans un fier et somptueux char et courir pour se laisser emporter par linertie. On devenait dun coup des fusées, capable de parcourir des distances incroyables, tels quun couloir et quelques salles. Se mettre sur un tourniquet, sy accrocher pendant que des camarades le tournait. Dans ces moments, on était grisé par la vitesse. Dans ces moments, des sensations que lon ne rencontrait pas dans la « vraie vie ».

Peut-être était-ce aussi ça : un des nombreux échappatoires que nos jeux et nos fantaisies nous offraient face à cette affliction quétait le quotidien. Un de ces moments où il nétait plus question dalgèbre et de grammaire, de questions compliquées « réservées aux adultes » mais dexpériences et de plaisirs.