feat: ajout contes initiaux
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- Contes
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*Enfant, toi qui écoutes mes mots, entends la mise en garde de l’aède. Laisse-moi te conter l’histoire de l’origine du monde, et l’avidité des êtres qui jamais ne voulurent connaître mort ni peine. Les anciens ont toujours dit que la vie est une éternelle ronde, qu’il va de soi que naissent et meurent les êtres, les peuples, les terres et les mondes. Mais le trépas du premier monde ne fut causé ni par la volonté de la nature, ni par le destin. Enfant, laisse-moi te conter l’histoire du premier peuple.*
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Il y a très longtemps, dans le premier monde né du Grand Commencement, un peuple très avancé décida de vaincre la maladie, la peur et la mort. Mais également d’acquérir la puissance, de devenir capable de combattre la fatalité même. Ils bâtirent alors une machine, un cerveau qui leur permettrait de tout contrôler, et de ne jamais mourir. C’était une création telle, si incroyable qu’elle transcendant la réalité même, qu’elle changeait ce qui était et réécrivait le réel. Tout cela leur permettait d’acquérir l’immortalité.
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Mais en faisant cela, ce fut les graines de leur propre destruction qu’ils avaient semés.
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Cette puissante création se nommait « cœur des mondes » et fondait son pouvoir sur la source de toute chose : Un phénomène plus vieux que les univers eux-mêmes, nommé le Paradoxe. Il était la vérité et le mensonge à la fois, le possible et l’impossible. Toujours, en tout instant, tout était vrai et faux. Il était caché dans un monde-bulle, afin d’être à jamais protégé. Grâce à cette puissance, ils régnèrent, commandèrent, et envahirent les peuples d’un grand nombre de terres. Ils devinrent proches des dieux, usant de ce pouvoir, reconstruisant le réel à leur bon vouloir.
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Mais ils se sentaient limités par leur pensée et voulaient pouvoir fuir leur matérialité. Même toute l’éternité ne leur suffisait plus. Seule une dernière chose leur semblait digne d’être voulue : L’infinité, le pouvoir absolu. Sans relâche ils cherchèrent, des siècles et des millénaires durant, le plus grand des trésors. Et un jour, enfin, ils trouvèrent la transcendance.
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Tous devinrent un. Un être étrange, à la fois l’un et le multiple, étendu à l’infini. Il était le peuple entier, et à la fois un individu unique. Il était une contradiction, mais restait toujours parfaitement en harmonie. Sa conscience s’étendait sur toutes les dimensions : La hauteur, la largeur, la longueur, le temps et les possibles. Il pouvait savoir tout ce qui était, serait et avait été, mais aussi pourrait être un jour, aurait pu être et pouvait être.
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— « Enfin je suis vraiment, enfin je sais vraiment, enfin je vois vraiment. Connaissance, tu es seule ce qui est véritablement beau pour moi. »
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Il était au plus haut, Icare face au soleil. Et vous, mes enfants, vous connaissez déjà la chute. Face à sa toute puissance, un grand mal le rongea, et du ciel il retomba. Et ce mal était le plus grand des maux : La corruption. Une étrange maladie née du paradoxe lui-même, qui affectait l’Être même. Et nul remède existe pour soigner le réel. Cette maladie rongea petit à petit l’être. L’harmonie fut rompue. Et alors il chuta, et alors il sombra.
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—« Faim peur où moi douleur rien vie pourquoi présent heureux nourriture aide toi faible joie mort passé tout est quoi nous tout »
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Ni instinct, ni discours ne le faisaient se mouvoir. Il n’était plus qu’une musique dissonante qui emplissait chaque esprit, une partition déchirée, un ensemble incohérent d’esprit fragmenté. Il ne pouvait plus penser, chaque fragment de pensée détruisant toutes les autres pensées, formant un chaos permanent de cris d’horreurs. Doté de la puissance du divin, mais la conscience détruite, il n’était plus qu’une fractale de frayeurs, de douleur et de violence.
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Déchu de toute son infinité, il s’effondrait sur lui-même, emportant tout le premier monde avec lui. Omniprésent, il amena la corruption partout dans l’univers. Chaque nouvel être qu’il absorbait était ajouté à la fractale de pensée. La matière même fut corrompue, pulvérisé. Le monde se contracta jusqu’à provoquer un nouveau commencement. Tout fut détruit, pour recommencer.
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Mais le dieu corrompu ne fut pas délivré par la mort, par l’inexistence.
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Le cœur des mondes fonctionnait toujours.
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Alors il continuait à exister, dans le néant entre les mondes. Condamné à la souffrance éternelle, il n’était régit que par un instinct qui lui disait de sortir, de fuir le néant. Tout le reste n’étant que fragments de pensées, de souffrances et de terreurs. À chaque fois qu’il réussissait à ressortir des abysses de la non-existence, il détruisait un nouveau monde, et un nouveau naissait. Il était toujours l’oméga, la dernière lettre, le point final de toute histoire. Si le multivers est un phénix, le dieu corrompu en était la combustion.
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Et c’est depuis cela qu’à jamais ce cycle de destruction se répète. Parfois, cependant, un rayon d’espoir apparaît, et des héros réussissent à empêché la fuite du dieu de la corruption, à la sceller pour quelques nouveaux millénaires voir millions d’années. Mais ce n’est jamais que parti remise, le cycle éternel ne pourra toujours au mieux qu’être ralentit.
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Le premier peuple avait souhaité faire partie de la structure même des choses, de l’être même. Son vœu avait été exaucé : le dieu corrompu était celui qui terminait les mondes.
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*Quelque part dans les contrées où les fées et les lutins continuent de se montrer à la vue de tous se trouvent une ville, Carillon. Avec ses murs d’une blancheur éclatante et ses toits d’un bleu profond, cette cité perchée sur les falaises tient son nom des cloches qui sonnent perpétuellement, faisant de chaque journée une mélodie nouvelle et envoûtante. Cependant, un jour par semaine, elle se taisent, faisant le silence.*
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*Bien souvent les voyageurs étonnés s’enquissent de l’origine de ce troublant silence – est-ce le souvenir d’une tragédie, est-ce un deuil qui force le respect d’un mystérieux mutisme à cette métropole de mélodie ? À cela les habitants leur répondent qu’il s’agit d’un jour de fête, le jour de l’enfant. Ce jour est le jour où le questionnement enfantin sauva toute la ville d'un dragon. Ce jour est le jour qui rappelle aux puissants de la ville que bien des choses les dépassent.*
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*Et après cela, ils racontent cette intrigante histoire :*
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« Jadis, les cloche de notre cité sonnaient sans cesse, et jamais un seul jour ne s’arrêtaient. Elles sonnaient la paisibilité de notre vie, le faste de nos récoltes et la clémence de notre climat. Notre puissance effrayait nos ennemis, et nos murs immenses montraient que nous étions imprenable.
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Cependant, un jour, une menace arriva dans notre ville, une menace venu du ciel. Un dragon, au regard de cendre et au cri de fureur tomba du ciel et nous attaqua à l’intérieur même de nos murs. Il terrorisait les passants. Son souffle était brulant et son cri terrifiant, et nous perdimes bien des combattants, ce jour là. Mais nous n’arrêtames pas nos cloches, nous ne voulions pas céder à la peur, abandonner notre façon de vivre. Nous voulions montrer notre force. Il sembla disparaitre le soir tombé, nous laissant dans une nuit d’incertitude.
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Le lendemain hélas, il attaqua de nouveau. Il n’était pas parti, mais se déplaçait dans le dédale des ruelles. Alors nous montâmes une équipe pour aller le traquer. Nul de revint. Un nouveau quotidien de peur et de mort commença alors. Les soldats ne réussissaient à vaincre le dragon, et celui-ci semblait ne pas vouloir sortir. Mais toujours les cloches sonnaient, donnant courage et volonté aux habitants et aux chevaliers. Nous gardions foi grâce à leur mélodie.
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L’enfant d’un magistrat, alors émit une hypothèse sur le dragon :
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— Et si le dragon au souffle brulant et au cri terrifiant était celui qui avait le plus peur ? Nos cloches sonnent fort et nos murailles sont grandes, peut-être se croit-il piégé dans notre cité ?
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Mais personne ne voulait croire en l’idée d’un dragon qui avait peur.
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Alors le roi décida que de simple guerrier ne suffirait à occir la bête. Les uns après les autres, il appella les cavaliers les plus nobles et courageux du royaumes. De pieux et preux chevaliers, qui sauveraient Carillon du souffle du dragon.
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Le chevalier Alembert, à la monture resplendissante, répondit à l’appel et s’en vint s’agenouiller devant le roi. « Je viens, monseigneur, sauver cette ville et votre royaume. Je m’en vais occir ce reptile et offrir sûreté aux habitants de votre cité ». Dans un grand galop, il s’attaqua au dragon. Mais celui-ci le broya immédiatement de ses puissantes pattes.
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Le baron Hadrien, au courage incroyable, répondit à l’appel et s’en vint s’agenouiller devant le roi. « Je viens, monseigneur, sauver cette ville et votre royaume. Je m’en vais occir ce reptile et offrir sûreté aux habitants de votre cité ». Sans la moindre peur, il s’attaqua au dragon. Mais celui-ci le déchiqueta immédiatement de sa terrible mâchoire.
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Le comte Rembert, aux pouvoirs anciens, répondit à l’appel et s’en vint s’agenouiller devant le roi. « Je viens, monseigneur, sauver cette ville et votre royaume. Je m’en vais occir cet animal et offrir sûreté aux habitants de votre cité ». Psalmodiant d’étranges incantations, il s’attaqua au dragon. Mais celui-ci l’écrasa immédiatement avec sa queue aux écailles dures comme le diamant.
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Le duc Eusèbe, à l’épée étincelante, répondit à l’appel et s’en vint s’agenouiller devant le roi. « Je viens, monseigneur, sauver cette ville et votre royaume. Je m’en vais occir cette bête et offrir sûreté aux habitants de votre cité ». Brandissant sa lâme, il s’attaqua au dragon. Mais celui-ci le découpa immédiatement avec ses griffes acérées.
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Le prince Amaury, à l’armure indestructible, répondit à l’appel et s’en vint s’agenouiller devant le roi. « Je viens, monseigneur, sauver cette ville et votre royaume. Je m’en vais occir ce monstre et offrir sûreté aux habitants de votre cité ». Sûr de son invulnérabilité, il s’attaqua au dragon. Mais celui-ci le carbonisa de son souffle flamboyant.
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Pendant que les plus grand guerriers affrontaient le dragon, l’enfant avait petit à petit tenté de parler aux moines des églises. Après le décès du prince, ceux-ci acquiescèrent à l’idée d’arrêter les cloches.
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Et un beau jour, un mardi, il n’y eut plus aucun son dans la ville.
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Tous, hommes, femmes, enfants, bêtes, tous découvraient parfois pour la première fois un monde en silence. Le dragon releva la tête. Son regard semblait moins fou, et il ne soufflait ni ne criait plus. Les derniers guerriers se préparèrent à l’achever, quand l’enfant passa devant eux. Des habitants poussèrent des cri d’effroi, à l’idée du sort que la bête allait faire à l’enfant. Le dragon allait-il broyer, déchiqueter, écraser, découper, carboniser l’unique personne qui avait pensé qu’il n’était pas une bête sauvage ?
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L’enfant s’arrêta, loin du dragon, et resta debout, droit comme un piquet.
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— Les cloches ne font plus de bruit, tu peux partir. Je ne tenterais pas de t’en empêcher ou de te faire de mal.
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Le dragon regarda autour de lui. Son regard rougeoyant se posa sur l’être fragile qui se tenait devant lui. Le temps semblait comme arrêté, tous retenaient leur souffle. Brutalement, le dragon s’envola, et disparu dans le ciel.
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La ville était sauvé.
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L’enfant reçu les honneurs, mais ne vécu qu’une vie simple, en dehors des murailles de la ville. On raconte que dans son age avancé, le dragon vint chercher l’être qui l’avait épargné, avec la proposition de venir vivre de très longues dernières années avec eux. »
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*La légende qu’encore aujourd’hui, celui ou celle qui restera doux et silencieux pourra traverser la colonie du dragon, pour trouver une mystérieuse personne, à l’âge très avancé mais à la santé de fer, qui vous expliquera que même les nobles et fiers dragons peuvent avoir autant peur de vous que vous avez peur d'eux, et que parfois il faut savoir ne plus être puissant et effrayant pour pouvoir sauver ceux à qui nous tenons.*
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Dans un pays, à une époque qui pouvait aussi bien être il y a très longtemps que demain, vivait une petite fille. C’était une enfant qui vivait comme les autres. Elle avait ses joies et ses peurs, elle était curieuse et aimait découvrir de nouvelles histoires. Parfois il y avait des héros, parfois des gens ordinaires. Parfois elles faisaient peur, parfois elles faisaient rire.
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Tous les soirs, ses parents lui racontaient une nouvelle histoire. Tous les jours, elle en découvrait une nouvelle par elle-même. Et elle adorait en inventer.
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La vie semblait belle.
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Mais un jour, la petite fille tomba malade. Et personne ne put y faire quoi que ce soit. Elle s’affaiblissait de jour en jour, pouvait de moins en moins manger. Et elle n’eut le droit à nul miracle. Ses parents la savaient condamné, mais pour atténuer sa souffrance, tous les jours ils allaient la voir. Lui faire penser à autre chose. Pendant un instant, s’évader. Sortir de sa vie. Masquer leur propre douleur pour apporter du réconfort. Elle aussi, pendant ces moments, faisait en sorte de sourire le plus possible. Masquer ses propres peur pour apporter du réconfort.
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Et un soir, pendant son sommeil, elle s’éteignit. C’était la fin d’une histoire. Ses parents restèrent longtemps malheureux, mais se relevèrent et continuèrent à avancer dans leur vie. Avec un manque qui resterait.
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Mais ils ne s’arrêtèrent pas de marcher.
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Quant à la petite fille, sa première histoire était finie, mais une autre allait commencer. Elle se réveilla. Dans un monde entièrement vide. Enfin non. Une grande plaine désertique s’étendait jusqu’à l’horizon. Un ciel, bleu, sans nuage, mais il n’y avait pas le moindre soleil. Elle était toute seule. Il faisait froid. Elle avait peur.
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Elle commença à courir, pour savoir où elle était. Où étaient ses parents. Elle ne se demandait pas pourquoi elle avait d’un seul coup la force de marcher. Elle ne se demandait pas pourquoi elle n’était plus faible. Elle était trop perdue pour se poser de telles questions, elle voulait retrouver ses parents. Elle courut jusqu’à être épuisé. Seule ses traces de pas lui prouvait qu’elle n’avait pas fait du surplace. L’horizon était toujours aussi désespérément vide. Rien ne pouvait lui servir de repère.
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Elle était perdue dans un monde infiniment plat et vide.
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Jamais la petite fille ne sut combien de temps elle avait couru. Des heures, des jours, des semaines ? Le ciel était constamment clair, sans astre pour repérer le temps. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle n’avait plus d’énergie. Elle avait faim. Elle avait soif. Elle se laissa retomber sur le sol, et souhaita juste pouvoir manger et boire.
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Elle s’endormit.
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À son réveil, un arbre se trouvait juste à côté d’elle. Des fruits dodus et juteux y avaient poussé. Était-ce arrivé pendant qu’elle avait dormi ? Oubliant toute prudence, elle prit un des fruits et mordit dedans. Il était bon. Elle en mangea jusqu’à ne plus rien pouvoir avaler, se laissant tomber. Elle regarda le ciel. Il était toujours aussi vide. Tout autant que son esprit. Elle n’arrivait même plus à se poser de questions. Elle n’était pas sûre de la réalité de tout ce qui se passait.
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Elle ne pouvait plus faire qu’une chose face à tout cela. Se lever. Et marcher. Marcher jusqu’à ce qu’elle trouve des réponses ou de la vie. Marcher jusqu’à ce que ce monde ne soit plus la plaine déserte et vaste qu’elle voyait jusqu’à l’horizon. Marcher jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le faire. Elle ne savait ni ou elle était, ni pourquoi elle y était.
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Mais déjà quelques idées venaient dans sa tête. Elle se souvenait de ses derniers instants, avant de s’endormir. Des pleurs. Des bruits de l’hôpital.
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Et si elle ne s’était pas simplement endormi ? Et si l’expression « sommeil éternelle » était exact, et qu’elle vivrait désormais dans un rêve définitif ? Elle était effrayée comme elle ne l’avait jamais été. Elle comprenait qu’elle ne reverrait jamais ses parents. Elle était seule. Et comme ce monde était vide, ne risquait-elle pas de l’être à tout jamais ?
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Les larmes aux yeux, elle regarda ses mains, puis l’arbre devant elle. Un fol espoir s’alluma.
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Et si l’arbre n’était pas apparu par miracle ? Et si elle était celle qui l’avait fait apparaître ? Peut-être alors qu’elle aurait la capacité de ne pas rester toute seule. Alors elle se concentra.
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Elle regardait devant elle. Elle savait ce qu’elle voulait créer : Un portail vers là ou se trouvait ses parents. Vers son monde originel. Elle se concentra. Elle l’imaginait comme d’immense portes, entièrement en or et en joyaux. Une sorte de membrane liquide. Quand elle traverserait cette membrane, elle se retrouverait dans son monde d’origine, et pourrait parler à ses parents. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, la porte était devant elle. Majestueuse et monumentale, elle surplombait toute la pleine. La petite fille s’élança, fondit dans le portail pour rejoindre ses parents.
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Mais rien ne se passa.
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Il était impossible de sortir du monde dans lequel elle se trouvait, elle était désormais enfermée dans sa monade, son monde intérieur.
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Effondrée par le chagrin, elle songea un instant à créer des copies conformes de ses parents, pour pouvoir plonger dans leur bras et pleurer… Mais malgré la douleur que ça lui causait, elle s’y refusa : Ses parents étaient irremplaçables, elle ne pouvait en créer des copies pour tenter de les retrouver. Parce qu’elle ne les retrouverait pas.
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Et elle avait presque l’impression que faire cela serait les trahir, trahir ses vrai parents qui, dans son monde d’origine, étaient en train de la pleurer. Après tout ce qu’ils avaient fait pour elle, elle n’avait pas le droit de les trahir, pensait-elle.
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Elle ne sut jamais combien de temps elle resta seule, à vaguement manger les fruits des arbres quand elle avait trop fin, et à tester mollement ses nouveaux pouvoirs. Parfois elle créait des statues à l’effigie de ses parents. Mais généralement les détruisait à cause de la colère et du chagrin.
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Elle restait seule parce qu’elle ne voulait voir personne d’autre que ses vrais parents, et se refusa pendant longtemps à créer le moindre autre être vivant.
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Ce n’est qu’au bout d’un moment que la solitude la pesa trop, qu’elle se mis à vouloir vraiment voir des gens. N’importe qui. D’autres êtres humains.. Elle ferma les yeux et laissa son esprit s’emplir de toute sa volonté. C’était comme si elle savait au fond d’elle qu’elle devait utiliser tout ce qu’elle pouvait pour voir ce qu’elle voyait. Elle se souvenait de ce rêve étrange qu’elle avait fait, il y a longtemps. Celui ou elle savait qu’elle rêvait, et qu’elle avait pu prendre contrôle des événements.
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Elle voulait être dans une ville, comme cette ville médiévale qu’elle avait visitée avec ses parents, il y a quelques années. Une ville pleine d’activité et de festivité. Elle voulait revoir la vie.
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Elle ouvrit des yeux émerveillés en voyant la ville peuplée et pleine de vie qui s’étendait devant ses yeux. Les gens s’esclaffaient et s’envoyait des grandes claques dans le dos. Elle était dans une de ces villes idéalisés des livres de sa petite enfance. Quelque chose de vaguement médiéval et utopique à la fois. Ou les rois étaient bons, et ou le mal n’était pas le fruit de systèmes complexes et de personnes malveillantes, mais de grands méchants flamboyants vêtu d’un grand manteau sombre. Le souvenir rassurant d’anciennes histoires de son enfance, souvenir qui lui réchauffait le cœur et consolait un peu son chagrin.
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Elle courrait dans la ville, elle mangea des parts d’énormes gâteaux qui étaient présentés pour la fête, elle regarda les spectacles des saltimbanques. Elle s’amusait comme une petite folle, elle n’avait pas vu le moindre autre être humain depuis des temps si longtemps.. C’était plein d’une vie qu’elle pensait ne jamais revoir. Les gens étaient heureux et s’amusaient. Elle était chez les gentils.
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C’était un monde simpliste, mais qui la rassurait. Elle se mit alors à parcourir la grande plaine. Elle la sectionna en un nombre incroyable d’îles flottante. Elle n’avait pas à craindre les questions scientifiques de gravité, tous ce genre de chose : Ces règles n’étaient pas celles de son univers. Elle fit naître une nature chatoyante, des animaux fantastiques. Certains venaient de ce qu’elle avait lu, et d’autres étaient reconstruits à partir de bout d’animaux de son monde – à partir de ses souvenirs et de ses connaissances naissait un nouveau monde.
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Dans le ciel, des centaines de petites étoiles éclairait les îles flottantes. D’immense boules de feu en suspensions, qui cessait étrangement de briller fort pour la nuit, ne lassant qu’une luisance rougeoyante permanente, telle une sorte de veilleuse pour l’enfant qui avait peur du noir. Elles offraient la vie, telles les fruits de l’arbre qu’avait fait pousser en premier la jeune enfant. Elle créa des peuples gouvernés par des reines et rois sages et justes, aux chevalières et chevaliers dotés de courages et de compassions, prêt à aider tous. Ils étaient bien sûrs dotés de défauts, mais c’était comme si la sensation que de véritables personnes allaient vivre dans ce monde lui donnait envie de créer une utopie.
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Elle ne savait pas qu’elle ne jouait que d’une certaine manière son rôle dans le cycle de perpétuation des univers. Elle ne savait pas que toute sa vie avait préparé par inadvertance ce moment, que chacun des souvenirs, de ces expériences en avait fait une personne unique, qui serait à l’origine d’un monde unique. Ça n’avait été écrit nulle part. Ce n’était aucun destin qui avait décidé ça. Ce n’était pas dans les règles du multivers que les êtres dotés d’intelligences étaient à l’origine des mondes suivant. Ce n’était qu’un épiphénomène qui faisait office de cosmogonie. Une sorte de coup de bol transcendant. Qu’un effet secondaire de la capacité d’imaginé, d’avoir des mondes à l’intérieur de sa tête.
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Tout le monde est démiurge ; ce n’est qu’un hasard. Un jour, un être capable de penser et de se tromper, de raisonner et de déraisonner, d’aimer et de détester était mort. Ce jour-là, l’œuf qu’il était avait éclos dans un nouveau monde, qui prenait sa place dans l’infinité du multivers. Son monde intérieur était devenu monde extérieur.
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Rapidement, elle remarqua que son monde n’était pas infini : Elle retourna au point de départ.
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L’arbre.
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Au bout de quelques années, de quelques siècles à observer tous son univers, elle commença à se lasser. Elle avait l’impression que tout se répéter, et une langueur envahissait son âme. Que pouvait-elle trouver pour s’amuser dans ce monde parfait ? Elle s’ennuyait de plus en plus, et avec l’ennui, le chagrin et la colère revint. Elle avait tout fait pour oublier pendant des années qu’elle avait perdues ses parents, et à quel point ils lui manquaient. Mais maintenant, elle ne pouvait plus fuir en avant. Et ce monde stupide lui refusait de les revoir !
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Elle se mit en colère. Ce monde était sa création, elle y avait des pouvoirs fantastiques, et un simple petit portail lui était refusé ? Elle voulait revoir ses parents, c’était si compliqué pour ce fichu monde ?
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Le mal à toujours des origines diverses suivants les mondes. Parfois il s’agit de quelque chose de complexe, et de pas vraiment explicable, qui peut venir de l’ambition, ou de la sensation de puissance qu’éprouvent certaines personnes à écraser les autres. Parfois, il s’agit d’une force pernicieuse de la nature. Parfois c’est inscrit profondément dans la nature humaine. Parfois c’est l’exception, parfois c’est la règle.
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Ici, il s’agissait de l’ennui et de la douleur d’une enfant qui n’avait jamais demandé d’avoir le rôle de divinité, qui n'avait jamais mérité de subir une telle responsabilité. D’une enfant qui tentait de compenser le fait que ses parents lui manquait par le fait de créer, toujours plus créer. Il s’agissait du chagrin d’une petite fille qui ne pourrait jamais revoir ses parents. De sa colère face à sa propre impuissance à changer ce qui la rendait malheureuse.
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Comme si elle s’était amusé à détruire un château de sable qu’elle avait construit, elle introduisit le mal et les ténèbres dans son monde.
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Des milliers d’esprits maléfiques, issues de ses siècles d’idées noirs et d’ennui.
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La petite fille eut un moment de culpabilité. Mais face à l’excitation qu’il se passe enfin quelque chose, et encore sous le coup de sa colère, de son sentiment d’injustice, elle la mit de côté : ce fichu monde lui apporterait au moins un peu d’intérêt ! Alors naquit l’Ordre des Exorcistes, qu’elle participa elle-même à fonder en secret, qui devait se battre contre ces spectres. La guerre fut longue et rude, mais les spectres furent vaincus. De nombreuses familles d’exorcistes devinrent puissante dans les royaumes. Ils renversèrent parfois des rois. Était-ce pour mieux protéger le monde ou simplement par ambition ? Les exactions de nombreuses familles semblaient montrer qu’il s’agissait de la seconde chose.
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Alors des rébellions se formèrent. Alors, lassés des abus des exorcistes, les peuples se révoltèrent contre leur règne. La guerre à nouveau gronda. Cette fois, elle fut pour la liberté. La jeune fille qui courrait à travers les batailles, invisible et intangible aux combattants, s’amusait comme jamais elle ne s’était amusé. Des héros, des méchants. Parfois des combats tragiques de héros contre d’autres héros.
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Les batailles pouvaient durer des jours. La pluie s’abattait sur les corps vide de vie après que les forces s’étaient affronté. Certaines familles profitaient de la situation pour gagner encore plus de pouvoir en jouant un peu dans les deux camps, faisant courbettes face aux exorcistes avant d’exalter d’autres royaumes à prendre les armes contre eux. Les conspirations et les coups d’états étaient pour la jeune fille passionnant à suivre. Est-ce que ce double jeu allait se retourner contre tel noble ? Est-ce qu’il allait subir les conséquences de ses actes ? La guerre se termina après un dernier duel, et un arrangement donna aux exorcistes des titres important, mais leur retira en grande partie le pouvoir politique.
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La petite déesse malgré elle fut contente : Une fin heureuse pour une histoire épique de guerre, de trahisons et de complots.
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Mais le lendemain, en marchant à travers les villes, elle comprit que les flammes qu’elle voyait et qui brûlaient encore des batailles de la veille étaient bien réelles. Que l’action qui l’amusait tant était la mort de centaines de milliers de personnes. Que les souffrances n’étaient pas celles qu’elle aurait vu dans un conte. Elle vit les ruines. Elle vit les pleurs, elle vit les villages qui brûlaient.
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Avant, elle n’avait regardé que les batailles de haut. Parfois, elle avait plongé au cœur de l’action, s’enivrant d’adrénaline. Mais maintenant qu’elle était dans le calme, dans les villes, elle ne voyait que les conséquences de cette guerre. Les conspirations lui semblait moins passionnante maintenant qu’elle voyait ce que cela avait produit sur le monde qu’elle avait créé… Et qu’elle avait participé à détruire. Et que la fin heureuse qu’elle avait imaginée n’était que pour bien des gens qu’heureuse dans ce qu’elle n’apporterait pas encore plus de malheur.
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Alors la jeune fille s’arrêta de marcher. Peut-être avait-elle trop agi sur ce monde ? Elle ne pouvait pas détacher les yeux de ce malheur. Tout ce qu’elle avait pu imaginer dans ses histoires, elle se rendait compte qu’elle ne pouvait pas le souhaiter pour le monde réel. Que les grandes guerres épiques n’étaient pas si appréciables quand elle se passait dans un vrai monde. Que les fins heureuses n’étaient pas si heureuses quand on changeait de point de vue.
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Un écrivain ne peut pas être maître du monde, de la réalité.
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Elle songea à effacer tous ses actes. Mais étrangement, alors qu’elle avait pu tout créer par avant, cette fois, son contrôle lui fut retiré. Était-ce une punition face à ce qu’elle avait fait, ou était-ce son propre sentiment de culpabilité qui lui interdisait d’effacer ses erreurs d’un geste de la main ? Comme si elle n’avait pas le droit de tenter de faire croire que rien de ceci n’était arrivé. Son monde idyllique n’était plus. Il avait été remplacé dans un monde ou la méfiance régnait et le conflit menaçait d’éclater à nouveau.
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Elle prit alors la décision de se retirer du monde. Pour aller réfléchir. Pour méditer, et pour retourner à une vie normale. Elle créa un bâtiment, une simple maison. La copie exacte de celle qu’elle avait eut à l’époque ou elle était encore en vie. Elle protégea sa maison, pour éviter que des personnes mal intentionnée entrent chez elles.
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Sur le pas de sa porte, elle regardait les différentes îles flottantes. Elle soupira. C’était son monde, mais elle se sentait coupable de tout ce qui était arrivé. Et coupable elle était. Elle ne se sentait pas le droit de réparer ses erreurs. Où peut-être avait-elle peur ? Peut-être était-ce impossible de bien réagir à une telle culpabilité, la culpabilité d’avoir semé conflits et morts, encore plus quand on était encore enfant ? Elle se retourna, entra dans la maison.
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Et ainsi la créatrice du monde s’enferma, décidant de tourner le dos à tout ce qu’elle avait construit.
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Tel est le mythe de l’enfant qui marcha.
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Tel est le mythe de la création de notre monde, du Grand Archipel.
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Telle est la tragédie qui fit naître le monde dans lequel on vit : Celle d’être né d’une créatrice trop jeune pour endosser une telle responsabilité.
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Il y a bien longtemps, vivait dans les contrées de mes ancêtres un jeune mathématicien. Il était vu et considéré malgré son jeune âge et sa trop forte fierté comme un puits de sagesse. Sa science expliquait la pluie et le beau temps. Il prédisait la course des astres, calculait le temps qui passait, et son savoir semblait inépuisables à ses pairs. Des occultes profondeurs de la démonologie aux secrets célestes de la métaphysique, nulle connaissance ne semblait résister à ses discours désinvoltes.
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Un jour, on dit que ce mathématicien tomba sur une jeune personne, qui était atteint d’un mal de l’âme qui semblait incurable. Il fut content de pouvoir se rendre utile, parce que cela lui semblait être un mal qu’il avait bien connu. En effet, non seulement il avait beaucoup lu sur le sujet, mais il avait eut une affliction qui lui semblait bien proche. Alors, il lui parla. Rapidement, ils entretinrent une correspondance régulière.
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Au début, tout semblait bien se passer. Les belles paroles du savant offrait réconfort et soutient à la personne atteinte du mal. Il semblait être expert, maîtriser totalement la situation, et le calme qu’il offrait face à toute situation semblait contagieux. Mais quelques crises de colères par-ci, quelques disputes par-là, ce fut les deux confiances qui s’ébranlèrent. Le magicien des sciences avait peur de perdre le contrôle, et la personne qui lui avait donné sa confiance commençait à douter de l’efficacité des actions du savant – actions qui tardaient à arriver.
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Peut-être fut-ce à ce moment-là que le mathématicien aurait-dû se rendre compte de son erreur et de sa faute. L’erreur d’avoir cru qu’il saurait guérir avec la même facilité qu’il avait à jouer avec les arguments et les mots un mal profond et incrusté. L’âme de son prochain est un sujet bien moins léger que le nombre d’ange qui pouvait tenir sur une tête d’épingle.
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Mais le mathématicien avait trop de fierté pour admettre qu’il avait tors. Petit à petit, il perdait le contrôle, et sa confiance en lui. Ses actions étaient erratiques. Un coup il semblait accepté les conseils que lui prodiguait son patient, et un coup il refusait tout en bloc. La science était avec lui et son entêtement, non ? Il ne savait plus quoi faire, mais ne voulait pas l’admettre… ne le pouvait pas ?
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Un jour, l’événement inévitable arriva. Il avait perdu le contrôle. Las de son manque de contrôle, et remarquant l’aggravation de sa situation, son patient lui fit signifier que tout était fini. Qu’il n’accepterait plus ses traitements. Le mathématicien accepta cela pourtant bien facilement : cette situation de manque de contrôle lui avait été douloureuse, et il lui était plus simple d’abandonner tout en bloc, et de se dire que c’était juste son patient qui avait refusé son traitement pourtant si efficace.
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S’il était triste de voir s’éloigner un être qu’il avait appris à chérir, le mathématicien était au fond de lui soulagé. Il se résolut à ne plus perdre le contrôle : Les sciences de la nature et des anges étaient bien plus simples que les âmes de ses semblables. Il avait peur d’échouer à nouveau, et se refusait de prendre le risque. N’aurait-ce pas été plus simple d’accepter d’écouter les autres ? Mais la solution ne lui vint même pas. Il s’éloigna alors petit à petit de tous ces semblables, et ne prodiguait que quelques banalités quand on lui demandait de l’aide dans les affaires de l’âme et du cœur. Ce n'était plus un domaine dans lequel il manquait de connaissance : c'était devenu un domaine indigne d'intérêt.
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Et on dit qu’il ne resta au mathématicien que son orgueil pour seule compagnie.
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title: Sans Titre
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date: 2018/06/04 18:40:00
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categories: Wesh
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